Metamask : un indispensable pour l’artiste qui découvre la blockchain

Le monde de l’art est entré en mutation avec l’arrivée de la blockchain. Les NFT sont en train de révolutionner la façon dont les œuvres sont échangées et authentifiées. Ils introduisent les œuvres numériques, jusqu’alors sans valeur, sur le marché ce qui constitue un volume déjà très important. Les portefeuilles numériques (ou wallet) et la compréhension de leur mécanismes sont indispensables pour celui qui veut y prendre part. Les artistes doivent surveiller de près ces évolutions et aussi faire progresser leurs pratiques pour y intégrer cette technologie. Dans cet article je présenterai les fonctionnalités de Metamask et j’expliquerai pourquoi il est devenu un outil incontournable pour les artistes qui se lancent dans l’univers de la blockchain.

Pour suivre cet article, comme d’habitude, je te propose l’écoute d’un morceau de Carl Stone, qui passait dimanche auprès de chez moi et que j’ai raté (les aléas de la vie de père solitaire).

Qu’est-ce que Metamask ?

Définition et fonctions principales

Metamask est un portefeuille numérique open-source qui va rendre possible et facile nos interactions avec la blockchain. Il va notamment être utile pour échanger et acquérir des crypto-monnaies, aussi appelées tokens, et notamment les NFT liés au monde de l’art. C’est un portefeuille appelé « non-custodial » car il va stocker les clés privés de comptes sur notre ordinateur. Il se présente sous la forme d’une extension (ou plugin) de navigateur. L’éditeur a prévu le support des navigateurs les plus courants comme Chrome, Firefox ou Brave. Il va également nous permettre de nous connecter à des applications décentralisées (dApps), signer des transactions et visualiser nos tokens.

Avec Metamask et n’importe quel autre portefeuille crypto, on peut en autres :

• acheter / échanger des crypto-monnaies
• minter / frapper des NFT
• se connecter à des dApps
• confirmer des transactions
• autoriser des dApps à accéder à certaines parties de votre identité numérique
• voter des propositions (en tant que membre d’un DAO par exemple)
• approuver / révoquer des permissions

Fonctionnement du portefeuille

Metamask fonctionne en architecture client-serveur. Quand on installe le plugin, on obtient une passphrase avec le wallet. Le wallet donne accès à la création de comptes. Chaque compte ensuite se décompose en une paire de clé publique et clé privée qui sont générées à partir de la passphrase. La passphrase est la graine qui permet la création des clés et également la récupération du compte. Il est primordial de la stocker très précieusement. La clé publique c’est l’adresse du compte, c’est comme ton numéro de compte bancaire, on peut la transmettre à tout le monde. Tandis que la clé privée ce serait plutôt ton code PIN, donc à garder secrète.

A chaque fois qu’on se connecte à une dApp et qu’on a besoin d’interagir avec pour signer des contrats ou donner des autorisations, l’extension s’ouvre comme un pop up et affiche les informations utiles. L’utilisateur n’a pas besoin de connaissances techniques en matière de sécurité ou de cryptographie, tout se passe au clic. Le portefeuille est donc l’interface qui va nous aider à gérer les autorisations Web3, donner / refuser l’accès aux applications qu’on veut utiliser.

Les avantages de l’utilisation de Metamask pour les artistes

Sécurité et confidentialité des transactions

L’une des principales préoccupations des artistes crypto est la sécurité de leurs transactions et de leurs données personnelles. Metamask est conçu pour offrir un haut niveau de sécurité en stockant les clés privées des utilisateurs localement, sur leur ordinateur ou leur appareil mobile, plutôt que sur un serveur centralisé. Cela garantit que les utilisateurs ont un contrôle total sur leurs fonds et que leurs transactions sont sécurisées et privées.

Grand pouvoir = grande responsabilité, je le répète beaucoup depuis le début de l’article, mais comme on devient responsable de nos clés privé, et de notre passphrase (on coupe les intermédiaires) c’est sur nous que repose une partie de la sécurité. On n’est finalement pas si loin de la liasse de billet sous le matelas si on ne prête pas un peu d’attention à la sécurisation de notre machine, de notre réseau et de notre passphrase.

Je te conseille de jeter un œil à mon article sur le wallet Temple qui présente une technique pour sécuriser ta passphrase à travers l’application keepass.

Par contre, une fois qu’une transaction est signée et validée sur la blockchain, personne ne pourra la contredire. En terme de droits d’auteur c’est vraiment très fort, en frappant un NFT sur la blockchain, on authentifie notre création, on certifie qu’on en est l’auteur·e. On inscrit en même temps les traits du NFT : oeuvre unique, multiple, nombre d’éditions, droits d’auteurs, … Et si on crée ou fait créer un contrat intelligent on peut définir tout ce qu’on veut. Pareil pour une vente et pour tout l’historique de vie d’une oeuvre inscrite sur la blockchain. Tout devient traçable.

Facilité d’utilisation et d’accès à plusieurs blockchains

Quand on parle blockchain ou de crypto-monnaie, on pense tout de suite aux bitcoins ou à Ethereum. Metamask ne permet pas de se connecter à la blockchain bitcoin. Par contre elle est utilisable avec toutes les blockchains qui suivent et d’autres :

• Ethereum (par défaut)
• Polygon (par défaut aussi, pour les MATIC)
• BNB Chain (la blockchain de Binance)
• Optimism
• Fantom
• Arbitrum
• Avalanche
• …

Ce qui est très pratique car on peut depuis un seul wallet évoluer sur plusieurs blockchains. Le site de Metamask fournit même un service de bridge qui permet de faire transiter des tokens d’une blockchain à l’autre.

Une fois qu’on a pris en main le plugin, c’est très facile, en tant qu’artiste d’aller consulter des marketplaces de NFT, de suivre d’autres artistes, ou de collectionner des NFT. On arrive sur une plateforme, on connecte notre wallet, la dApp interroge la blockchain pour récupérer les infos qu’on lui a laissé en terme d’identité pour afficher notre profil, nos NFT ou notre historique de crypto-artiste.

Possibilité de stocker différents types de tokens

Metamask permet aux artistes de stocker une variété de tokens, tels que des jetons ERC-20, des jetons non fongibles (NFT) et des jetons ERC-721. Cela nous permet de participer à différents projets blockchain et de diversifier notre portefeuille de tokens.

En outre, Metamask permet aux artistes d’interagir avec des contrats intelligents (smart contracts), ce qui leur donne plus de contrôle sur leurs transactions et leur permet de créer des mécanismes de paiement et de distribution pour leurs œuvres d’art numériques. Régler les pourcentages de royalties, gérer des collections, faire des drops, des enchères. Le site manifold, propose même de créer un smart contract NFT ERC-721 personnalisé avec une signature en ascii-art pour encore plus se démarquer des autres, et prouver que même le contrat intelligent a été créé par nos soins d’artiste.

En somme, Metamask offre un ensemble complet de fonctionnalités qui permet aux artistes de participer activement à l’écosystème de la blockchain en toute sécurité et en toute confiance.

Comment utiliser Metamask en tant qu’artiste ?

Installer le plugin

Pour pouvoir utiliser Metamask, il faut installer le plugin. La procédure est relativement simple : il suffit de télécharger l’extension Metamask depuis le site officiel et de suivre les instructions d’installation. Une fois l’extension installée et la passphrase sauvegardée de préférence plusiseurs fois dans un lieu ou des lieux sécurisé(s). On crée un mot de passe fort : au moins 16 caractères avec des majuscules, minuscules et un caractère spécial et on peut utiliser le wallet.

Pour les trucs et astuces d’installation, je te renvoie vers l’article : Minter sur Tezos : un tuto pratique pour crypto artiste débutant, qui présente l’installation du wallet Tezos. D’un façon générale, les portefeuilles crypto sous forme de plugins s’installent à peu près de la même manière : téléchargement du plugin, sauvegarde + vérification de la passphrase, affichage d’un tutoriel sensibilisant sur la sécurité et l’importance de la passphrase, création d’un mot de passe et hop, le wallet est en place.

Ether, gas, gwei

Ensuite on ajoute nos premier Ethers (symbole ETH) via le bouton « buy » du portefeuille et on peut surfer sur le Web3. Même avec un compte à zéro on peut commencer à connecter son portefeuille à des dApps et voir un peu le fonctionnement du wallet en signant des autorisations. Mais pour effectuer des transactions il faudra absolument des Ethers. Chaque transaction engendre des frais de gas. Le gas est le carburant du Web3 qui demande à chaque participant un peu d’ETH pour faire fonctionner le réseau décentralisé.

Ces frais peuvent varier en fonction de l’occupation et de la sollicitation du réseau (plus cher quand très occupé). Certains sites et serveurs discords affichent les frais de gas, un peu comme une pompe à essence affiche ses tarifs. Le gas est calculé en gwei (giga wei). Le wei correspond à 1 10 puissance moins 9 Ether soit 1 wei = 0,000000001 ETH, et un gwei = un puissance moins 18 ETH => 0,000000000000000001 ETH.

Trouver des plateformes et des artistes

On pourra aller surfer sur des marketplaces comme :

• opensea (plus grosse plateforme, affiche tous les NFT ethereum et Polygon)
• foundation (ne permet de minter que des éditions uniques)
• superrare (sur dossier pour présenter des oeuvres)
• knoworigin (sur dossier aussi)
• niftygateway (permet d’acheter avec sa carte bancaire)
• artblocks (art génératif, sur dossier pour présenter se œuvres)
• …

Ces plateformes présentent pour la plupart des fonctionnalités de personnalisation de page, de profil et de collection pour permettre aux visiteurs de l’artiste qui y présente son travail de créer une ambiance à ses couleurs. Ensuite on peut présenter et vendre ses NFT sur son propre site, cela demande un peu plus de boulot mais on n’est plus tributaire des frais et conditions de la plateformes (encadrement des royalties, limitation sur les multiples, limitation sur la taille du NFT, contrat standard, …).

Et pour trouver des artistes intéressants, ou dénicher les futurs CryptoPunks, une autre manière simple c’est de commencer à suivre des artistes sur Twitter et faire comprendre à son algo qu’on est très intéressé par les NFT. Twitter proposera alors une foultitude de tweets et comptes liés aux NFT et tu verras que l’ambiance est très amicale, avec tous les GM qui fusent à côté d’œuvres. Rien à voir avec l’apriori vérifié d’un twitter très politique. Une fois mes abonnements politiques résiliés, j’ai découvert un twitter bien plus cool. Mais aussi très très actif, alors attention à pas non plus y passer ta vie ! (mieux vaut supprimer les notifications si on veut vivre tranquillement, notre vie créative nous en remercie)

Ajouter des tokens, collectionner, frapper et vendre des NFT

Ensuite, avec le portefeuille installé, on peut ajouter différents types de tokens à son portefeuille Metamask. La plupart des tokens s’ajoutent automatiquement sans intervention manuelle, Metamask les reconnaît et ajoute même l’icône du token. Parfois il faut ajouter les tokens à la main. Pour cela, il faut tout d’abord trouver l’adresse du contrat du token souhaité, via un scanner comme etherscan ou via un site de confiance comme coingecko, (juste attention à ne pas copier une adresse de contrat qui traîne sur un forum ou un reddit au risque d’approuver un contrat malicieux), puis l’ajouter manuellement dans Metamask. . Pour les NFT, on a le choix : on peut les afficher dans le portefeuille ou pas. Cela fait partie de options expérimentales pour l’instant. On y accèdes via le menu du compte (gros rond en haut à droite) => paramètres => expérimental.

Minter sur opensea

Maintenant, on peut donc minter (= frapper) un NFT, pour ça il suffit d’un fichier numérique, on va sur opensea, on connecte le wallet, on survole notre profil et on obtient le bouton « create ».

Ensuite on doit signer une autorisation avec metamask pour aller sur la page de création.

Sur la page de création on rempli les champs utiles : le champ d’upload de fichier numérique, le titre, la description, le nombre (supply) et la blockchain.

Si tu veux allez jusqu’au bout du test sans te ruiner, je te conseille de choisir la blockchain Polygon.

Après, on clique sur « create » en on peut notre NFT est minté, il est inscrit sur la blockchain. Si besoin, on peut qaund même le « supprimer » via « edit » puis en bas de page « delete item ». Je met supprimer entre guillemets, car en réalité le NFT est envoyé vers une adresse poubelle x0000… qui n’appartient à personne, mais qui est bien sur la blockchain. Le NFT est toujours là mais plus personne ne pourra l’obtenir.

Quand tu es prêt pour une véritable oeuvre, prend bien ton temps, prépare ton titre, ta description à l’avance dans un fichier ou mieux une base de données pour ensuite en faire le suivi toi même, pour voir le suivre dans ton inventaire. Et une fois minter tu pourras le mettre en vente (bouton « list » sur opensea).

Conclusion

On a vu que Metamask était un portefeuille crypto qui permet de gérer facilement nos autorisations et nos tokens sur le Web3. Comment installer le plugin et minter un premier NFT sur opensea. J’espère que l’article t’as permis d’avancer dans ta découverte de la blockchain, du web3 et dans ta vie de crypto-artiste. Au début c’est un peu compliqué, mais on s’habitue assez vite à manipuler le wallet. Un dernier avantage que je n’ai pas donné en début d’article, Metamask est également disponible sur mobile, ce qui permet d’avoir le même wallet sur son ordi et dans sa poche. Quand on commence à entrer dans le monde crypto, ça peut être rassurant.

sources :
https://support.metamask.io/
https://learn.metamask.io/
https://ethereum.org/fr/developers/docs/gas/